L'apprentissage
Learning
1 La confiance
Au début du roman, Lou est timide et « asociale » [P11]. Elle a peur de parler devant la classe [P11], n’ose pas parler à Lucas [P29] et n’a pas assez de confiance pour aller à la fête de Léa Germain [P35]. Elle ne se sent pas à sa place dans une classe d’élèves plus âgés et elle est très consciente d’être physiquement et moralement « une toute petite chose » [P35]. Cependant, au cours du roman, elle gagne en confiance. Elle surmonte sa timidité en faisant son exposé qui est applaudi par toute la classe, elle ose défier Monsieur Marin en défendant Axelle quand il se moque de sa nouvelle coiffure et elle prend aussi la décision courageuse d’aider No « jusqu’au bout » à l’insu de ses parents.
Confidence
At the beginning of the novel, Lou is shy and socially awkward. She is afraid of speaking in front of the class, doesn’t dare to speak to Lucas and doesn’t have enough confidence to go to Léa Germain’s party. She feels out of place in a class of older students and she is very conscious of being physically and mentally insignificant (literally: “a tiny little thing”). However, over the course of the novel, she gains in confidence. She overcomes her shyness by doing her presentation which is applauded by the whole class, she dares to defy Monsieur Marin by defending Axelle when he pokes fun at her new hairstyle and she makes the brave decision to help No “until the very end” without her parents knowing.
2 L’idéalisme et la réalité
Lou aimerait changer le monde et Monsieur Marin déclare qu’elle est « utopiste » [P165]. En discutant avec son père, Lou révèle son idéalisme. Elle propose qu’on pourrait tous héberger un sans-abri mais son père dit que « les choses sont toujours plus compliquées qu’il y paraît » [P82]. La rationalité de son père contraste vivement avec l’idéalisme de Lou. Quand son père met No à la porte, il est rationnel et réaliste : « No va aller dans un centre où on va s’occuper d’elle. Elle a besoin d’aide » [P187]. Cependant, Lou n’est pas prête à écouter ses arguments, préférant aider No d’une façon directe et pratique « jusqu’au bout » [P188]. L’idéalisme de Lou est un des facteurs qui la pousse à cacher No chez Lucas, à mentir à ses parents et à faire une fugue avec No à la fin du livre. Cependant, au cours de l’histoire, Lou prend conscience que ses idées sont trop idéalistes et pas ancrées dans la réalité : « la vérité c’est que les choses sont ce qu’elles sont…il ne faut pas espérer changer le monde car le monde est bien plus fort que nous » [P191].
Idealism and reality
Lou would like to change the world and Monsieur Marin says that she is “a utopian”. In discussion with her father, Lou reveals her idealism. She suggests that everyone could accommodate a homeless person into their home but her father says that “things are more complicated than it seems”. There is a stark contrast between her father’s rationality and Lou’s idealism. When her father asks No to leave, he is rational and realistic: “No is going to go to a centre where she’ll be looked after. She needs help”. By contrast, Lou is not prepared to listen to his arguments, preferring to help No in a direct and practical way “to the very end”. Lou’s idealism is one of the factors that drives her to hide No in Lucas’ apartment, to lie to her parents and to run away with No at the end of the book. However, as the story unfolds, Lou becomes aware that her ideas are too idealistic and not anchored in reality : “the truth is that things are what they are…you can’t expect to change the world because the world is much stronger than us” [P191].
3 L’autorité
L’attitude de Lou envers l’autorité évolue au cours du livre. Son professeur de sciences économiques et sociales, Monsieur Marin, est vieux jeu et très strict. Les élèves ont peur de lui et Lou dit : « je suis la première de la classe, docile et silencieuse » [P122]. Cependant, elle semble admirer Lucas parce qu’il est contestataire : « Il est le roi, l’insolent, le rebelle » [P122]. Un jour, elle défie Monsieur Marin quand il humilie Axelle Vernoux rien que parce qu’elle a une nouvelle coiffure. Cet incident fait partie de son développement personnel et après avoir été expulsée de la classe, elle se dit : « je suis beaucoup plus grande qu’il n’y paraît » [P127]. Lou défie également l’autorité de ses parents dans la deuxième partie du livre. Elle commence à leur mentir, cache No chez Lucas et finit par faire une fugue avec No. Au lieu de toujours s’incliner devant l’autorité, Lou apprend à s’imposer dans certaines situations au fil du texte.
Authority
Lou’s attitude to authority evolves throughout the book. Her social science teacher, Monsieur Marin, is old-fashioned and very strict. The students are scarred of him and Lou says: “I am top of the class, compliant and quiet”. However, she seems to admire Lucas because he is anti-authority: “He’s the king, the insolent one, the rebel”. One day, she defies Monsieur Marin when he humiliates Axelle Vernoux just because she has a new haircut. This incident is part of her personal development and after being sent out of the class, she says to herself: “I am much more grown-up than it seems”. Lou also defies the authority of her parents in the second part of the book. She starts to lie to them, hides No in Lucas’ apartment and eventually runs away with No. Instead of bowing to authority all the time, Lou learns to assert herself in certain situations as the story unfolds.
4 L’amour
Au fil du texte, Lou apprend à être à l’aise avec un garçon qui lui plaît. Dès le tout début du récit, il y a une attirance mutuelle entre Lou et Lucas. À la deuxième page, Lucas lui sourit et Lou remarque ses beaux yeux : « Ses yeux sont immenses, je pourrais me noyer à l’intérieur » [P12]. Cependant, Lou manque de confiance et quand Lucas vient lui parler pour la première fois après un cours, elle se sent mal à l’aise : « si seulement j’étais équipée d’une fonction refroidissement d’urgence » [P37]. Il l’invite chez lui [P79] et plus tard à la patinoire [P99] mais Lou n’est pas prête à accepter et elle s’inquiète parce qu’elle ne sait pas comment embrasser un garçon : « Quand on embrasse, dans quel sens faut-il tourner la langue ? » [P79]. Lucas accepte de l’aider à s’occuper de No et ce projet partagé les réunit. Peu à peu, elle gagne en confiance et à la fin du livre, ils s’embrassent.
Love
Over the course of the book, Lou learns to relate to a boy that she finds attractive. Right from the start of the story, there is a mutual attraction between Lou and Lucas. On the second page, Lucas smiles and Lou notices his nice eyes: “His eyes are huge, I could drown in them”. However, Lou lacks confidence and when Lucas talks to her for the first time after a lesson, she feels uncomfortable: “if only I was equipped with an emergency cooling function”. He invites her to his apartment and later to the ice rink but Lou isn’t ready to accept and she worries because she doesn’t know how to kiss a boy: “When you kiss, in which direction should you roll your tongue?”. Lucas agrees to help her to look after No and this project brings them together. Gradually, she gains in confidence and at the end of the book, they kiss.
5 Aider les sans-abris
Au cours du livre, Lou apprend qu’aider les sans-abris est plus compliqué qu’elle ne pensait au début. Malgré les avertissements des autres, Lou veut aider No jusqu’au bout et ce n’est qu’à la fin de l’histoire qu’elle se rend compte qu’il y avait du vrai dans ce qu’ils disaient. Son père l’avertit que « les choses sont toujours plus compliquées qu’il y paraît » [P82], Lucas lui dit : « On dit souvent que les gens qui sont dans la rue, ils sont cassés. Au bout d’un moment, ils peuvent plus vivre normalement » [P121] et l’assistante sociale dit au téléphone que « les gens de la rue ne sont pas fiables, ils repartent comme ils sont venus » [P196]. No finit par quitter Lou à la gare Saint-Lazare et finalement Lou perd ses illusions. Elle reconnaît qu’elle a appris une leçon : « quelque chose venait de m’arriver qui m’avait fait grandir » [P144].
Helping the homeless
Over the course of the book, Lou learns that helping the homeless is more complicated than she at first thought. Despite warnings from other people, Lou wants to help No right to the last and it is only at the end of the story that she realises that there is some truth in what others were saying. Her father warns her that “things are always more complicated than it seems”, Lucas says to her: “People often say that those who live on the streets are broken. After a while, they can’t live normally anymore” and the social worker says on the telephone that “people living on the streets are not reliable, they come and they go”. No eventually leaves Lou at la gare Saint-Lazare and finally Lou’s illusions are shattered. She acknowledges that she has learnt a lesson: “something had just happened to me that had made me grow up”.
6 La violence et le silence
Lou apprend que la violence physique ou verbale n’est pas toujours à l’origine de la souffrance des gens. Elle se rend compte que la violence peut être invisible, par exemple l’indifférence ou une absence d’affection peut faire souffrir quelqu’un : « Maintenant je sais que la violence est aussi dans le silence, qu’elle est parfois invisible à l’œil nu » [P228]. Lou a manqué d’affection maternelle : « la violence est là aussi, dans ce geste impossible qui va d’elle vers moi, ce geste à jamais suspendu » [P231]. Elle est également consciente du fait que d’autres gens dans sa vie ont été victimes de violence invisible. No a été marqué par un manque d’affection maternelle, par une mauvaise éducation et par la dure réalité de sa vie de sans-abri. Anouk souffre d’une grave dépression et Bernard « pleure en cachette dans la salle de bains » [P14] après la mort de leur petite fille. Lucas a été abandonné par ses parents.
Violence and silence
Lou learns that people’s suffering is not always caused by physical or verbal violence. She realises that violence can be invisible, for example indifference or lack of affection can lead to suffering: “Now I know that violence is also in silence, that it is sometimes invisible to the naked eye”. Lou has missed out on maternal affection: “violence is there too, in this impossible act (of affection), forever suspended in time”. She is equally conscious of the fact that other people in her life have been the victim of invisible violence. No has been worn down by a lack of maternal affection, a poor education and the harsh reality of life on the streets. Anouk is suffering from severe depression and Bernard “cries in secret in the bathroom” after the death of their baby daughter. Lucas has been abandoned by his parents.
7 Un roman d’apprentissage ?
Dans les romans d’apprentissage les plus célèbres tels que Le Rouge et le Noir de Stendhal (1830) ou Great Expectations de Charles Dickens (1861) le héros, qui est toujours jeune, naïf et idéaliste, apprend de ses expériences au cours de l’histoire. On pourrait considérer No et moi comme étant un roman d’apprentissage dans la mesure où l’héroïne, Lou, apprend de ses expériences à travers le récit (voir ci-dessus sections 1 à 6). Le point culminant de son apprentissage est quand No la quitte à la gare Saint-Lazare et elle se dit : « quelque chose venait de m’arriver qui m’avait fait grandir » [P244]. Cependant, l’histoire de No et moi se déroule au cours d’une seule année scolaire alors que l’histoire des romans d’apprentissage classiques se déroule au cours de plusieurs années, voire des décennies. Ainsi, certains diraient que No et moi est d’une moins grande envergure que les plus grands livres du genre.
A coming of age novel?
In the most famous coming of age novels such as Le Rouge et le Noir by Stendhal (1830) or Great Expectations by Charles Dickens (1861) the hero, who is always young, naïve idealist, learns from his experiences in the story. No et moi could be considered as being a coming of age novel in as much as the heroin, Lou, learns from her experiences throughout the story (see above sections 1 to 6). The culmination of her learning is when No leaves her at gare Saint-Lazare and she observes: “something had just happened to me that had made me grow up”. However, the story of No et moi takes place over the course of one school year whereas the story of classic coming of age novels takes place over several years, even decades. Thus, some would say that No et moi is more limited in scope than the major books in this genre.
8 No
La vie de No ne s’améliore pas au cours de l’histoire. Au début du roman, après avoir vécu des expériences épouvantables pendant son enfance et son adolescence, elle est sans-abri. Elle a l’occasion de sortir de s’en sortir quand les Bertignac l’accueillent chez eux. Durant cette période, elle est bien logée et bien nourrie mais elle trahit leur confiance en buvant excessivement, en volant des médicaments et en ratant son rendez-vous avec l’assistante sociale. À cause de son comportement inacceptable, les Bertignac finissent par la mettre à la porte. À la fin de l’histoire, elle est encore sans-abri, sans doute alcoolique et elle se prostitue. Comme Delphine de Vigan ne relate pas les pensées de No, on ne sait pas dans quelle mesure elle a appris de ses expériences mais les signes extérieurs indiquent que sa vie n’a pas changé pour le mieux.
No
No’s life does not improve over the course of the story. At the start of the novel, having been through some dreadful experiences during her childhood and adolescence, she is homeless. She gets the opportunity to overcome her difficulties when the Bertignac take her into their home. During this time, she is given a good home and is well fed but she betrays their trust by drinking heavily, stealing pills and by missing her appointment with the social worker. Due to her unacceptable behaviour, the Bertignacs eventually ask her to leave. At the end of the story, she is still homeless, no doubt an alcoholic and is being paid for sex. As Delphine de Vigan does not tell us No’s thoughts, we don’t know to what extent she has learnt from her experiences but viewed from the outside, her life has not changed for the better.
9 Lucas
Comme le lecteur ne connaît pas ses pensées, il est difficile de dire si Lucas a appris des leçons au cours de l’histoire. Certains signes extérieurs laissent entendre qu’il a à peine changé. À l’école, malgré le fait qu’il a déjà redoublé deux fois, il continue à avoir de mauvaises notes et quand il commence à s’asseoir à côté de Lou en classe, elle remarque qu’il « n’a pas modifié ses habitudes…Mais il ne renverse plus jamais la table » [P121]. Cependant, comme nous apprenons à la fin du livre que Lucas va vivre avec sa mère à Neuilly l’année suivante [P248], on pourrait peut-être conclure que sa vie va bientôt changer pour le mieux à cause de ses expériences vécues dans l’histoire.
Lucas
As the reader is not privy to his thoughts, it is difficult to say if Lucas has learnt lessons over the course of the story. Some exterior signs suggest that he has scarcely changed. At school, despite having been kept down a year twice before, he continues to get low marks and when he starts to sit next to Lou in class, she notices that he “has not changed his habits…But he doesn’t tip the table over anymore”. As we find out at the end of the book that Lucas is going to live with his mother in Neuilly the following year, we could perhaps conclude that his life is soon going to change for the better due to the experiences he goes through in the story.
10 Autres personnages
D’autres personnages évoluent au cours de l’histoire. Anouk sort de sa dépression, les relations entre Anouk et Bernard se ravivent et Monsieur Marin prend sa retraite. Cependant, comme l’auteure ne divulgue pas leurs pensées, il est difficile de dire dans quelle mesure ils ont appris de leurs expériences décrites dans l’histoire.
Other characters
Other characters evolve over the course of the story. Anouk comes out of her depression, Anouk and Bernard’s relationship is rekindled and Monsieur Marin retires. However, as we do not know what they are thinking, it is difficult to say to what extent they have learnt from the experiences described in the story.